Table des matières
* Biographie de Jean Anouilh
* Résumé
* Présentation des personnages principaux
o Antigone
o Créon
o Hémon
o Ismène
* Thèmes principaux
o La solitude
+ Antigone
+ Créon
o Le bonheur
* Analyse d'un extrait
o Extrait (p. 110)
o Situation dans l'oeuvre
o Analyse
+ Champs lexicaux
+ Ponctuation
+ Figure(s) de style
+ Temps et modes verbaux
+ Constations
* Bibliographie
Biographie de Jean Anouilh
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Jean Anouilh est né en 1910 à Bordeaux (France). Son père est tailleur et sa mère musicienne ainsi que professeur de piano, elle joue dans un orchestre se produisant sur des scènes de casino en province. C'est dans les coulisses de ces casinos qu'il découvre les grands auteurs classiques : Molière , Marivaux et Musset.
Jean Anouilh vit à Paris et rentre au collège Chaptal. C'est très tôt qu'il se prend de passion pour le théâtre . En 1928, il assiste émerveillé, au printemps, à la représentation de Siegfried de Jean Giraudoux, l'adolescent de dix-huit ans fut ébloui, subjugué...
En 1929 il devient le secrétaire de Louis Jouvet. Les relations entre les deux hommes sont tendues. Qu'importe, son choix est fait, il vivra pour et par le théâtre.
Sa première pièce, l'Hermine (1932), lui offre un succès d'estime, et il faut attendre 1937 pour qu'il connaisse son premier grand succès avec le Voyageur sans bagages . L'année suivante le succès de sa pièce la Sauvage confirme sa notoriété et met fin à ses difficultés matérielles.
Puis éclate la seconde guerre mondiale. Pendant l'occupation, Jean Anouilh continue d'écrire. Il ne prend position ni pour la collaboration, ni pour la résistance. Ce non-engagement lui sera reproché.
En 1944 est créé Antigone. Cette pièce connaît un immense succès public mais engendre une polémique. Certains reprochent à Anouilh de défendre l'ordre établi en faisant la part belle à Créon . En 1945, il s'engage pour essayer de sauver l'écrivain collaborateur Robert Brasillach de la peine de mort; en vain. Cette exécution le marque profondément.
Il écrira encore plusieurs pièces dans les années soixante-dix, dont certaines lui vaudront le qualificatif "d'auteur de théâtre de distraction". Il n'en reste pas moins qu'il a bâti une oeuvre qui révèle un pessimisme profond.
Anouilh est mort en 1987.
Résumé
Le Prologue, personnage héritier du chef de choeur, présente les protagonistes, leurs caractères et leurs rôles : Antigone, sa soeur Ismène, son fiancé Hémon, le roi Créon qui est aussi le père d'Hémon, Eurydice la femme de Créon, la nourrice d'Antigone, le messager et enfin les trois gardes.
Antigone rentre chez elle, à l'aube, après une promenade nocturne, elle est surprise par sa nourrice qui lui adresse quelques reproches. La nourrice sort et Ismène dissuade Antigone d'ensevelir le corps de son frère Polynice et ainsi d'enfreindre l'ordre de Créon. Sans succès, Antigone n'entend pas devenir raisonnable.
Antigone se retrouve à nouveau seule avec sa nourrice, elle pense à la mort, la nourrice la réconforte. Ensuite arrive Hémon à qui elle prie de lui pardonner pour la dispute de la veille. Hémon la réconforte en lui déclarant son amour. Antigone lui annonce ensuite qu'elle ne pourra pas l'épouser en lui disant qu'il saura pourquoi "demain".
Ismène essaie encore une fois de convaincre Antigone de renoncer à son projet, mais elle apprend qu'il a déjà débuté. Un des garde du roi arrive alors pour annoncer à Créon que quelqu'un à recouvert de terre le corps de Polynice. Créon ne veut pas que la nouvelle se répande.
Le choeur intervient pour donner sa vision de la tragédie et annonce le "petit coup de pouce pour que cela démarre". Antigone se fait arrêter par un garde pendant qu'elle recouvre pour la seconde fois le cadavre, elle est emmenée chez Créon qui est prêt à la sauver et oublier l'affaire. Antigone refuse et se révolte, elle veut sa mort.
Ismène arrive, elle veut mourir avec sa soeur, elle est prête aussi à aller recouvrir le corps de Polynice mais Antigone refuse. Créon appelle la garde qui emmène Antigone. Hémon supplie son père de l'épargner mais il refuse car c'est elle qui voulait mourir. Hémon s'enfuit.
Antigone reste seule avec un garde, elle lui dicte une lettre qu'elle veut adresser à Hémon. Le messager annonce la mort d'Antigone ainsi que celle d'Hémon. Le Choeur apprends ensuite à Créon que sa femme Eurydice s'est donnée la mort en apprenant la mort de son fils. Il ne reste plus que Créon et ses gardes...
Présentation des personnages principaux
Antigone
Fille d'OEdipe
Physique
Le Prologue nous la décrit comme la petite "maigre jeune fille noiraude" (p. 9). D'après Ismène : "Pas belle comme nous, mais autrement" (p. 29), d'après sa nourrice "elle n'est pas assez coquette !" (p. 17) et d'après elle-même : "je suis laide !" (p. 96), "je suis noire et maigre" (p. 41). Antigone aurait voulu être un garçon : "Ai-je assez pleuré d'être une fille !" (p. 29).
Moral et évolution
Antigone aime la vie : "Qui se levait la première, le matin, rien que pour sentir l'air froid sur sa peau nue ?" (p. 28), "Moi aussi j'aurais bien voulu ne pas mourir." (p. 24) et elle veut garder ses joies et ses illusions d'enfance. C'est une fille rebelle : "Une fois je t'ai attachée à un arbre et je t'ai coupé tes cheveux, tes beaux cheveux..." (p. 22), "la petite Antigone, la sale bête, l'entêtée, la mauvaise [...]. Elle n'avait qu'à ne pas désobéir!" (p. 25), c'est celle qui dit non et ne veux comprendre : "Il fallait comprendre qu'on ne doit pas manger tout à la fois, donner tout ce qu'on a dans ses poches au mendiant qu'on rencontre [...]. Comprendre. Toujours comprendre. Moi, je ne veux pas comprendre." (p. 26). Elle déteste aussi l'habitude : "s'il ne doit plus me croire morte quand je suis en retard de cinq minutes, [...], alors je n'aime plus Hémon!" (p. 93).
Quelques instants avant de mourir, elle ne sais plus pourquoi elle meurt : "Je ne sais plus pourquoi je meurs." (p. 115), elle est morte pour rien, si ce n'est pour offrir une réflexion sur la vie...
Créon
Roi de Thèbes, oncle d'Antigone.
Physique
Le Prologue nous le présente comme étant un "homme robuste, aux cheveux blancs [...]. Il a des rides, il est fatigué." (p. 11).
Morale et évolution
Le Prologue nous présente Créon comme un homme seul : "Créon est seul", sa femme Eurydice "ne lui est d'aucun secours" (p. 11), son page "ne peut rien non plus pour lui" (p. 12) et à la fin de la tragédie le Choeur lui dit : "Et tu es tout seul maintenant, Créon." (p. 121).
C'est un homme courageux, il a dû assumer le métier de roi : "Mais OEdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches et il a pris leur place." (p.11), "Un matin, je me suis réveillé roi de Thèbes. Et Dieu sait si j'aimais autre chose dans la vie que d'être puissant..." (p. 78). Il fait son travail du mieux qu'il peut : "des problèmes précis se posent, qu'il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée." (p. 11).
Il a de l'affection pour sa nièce Antigone mais ne la comprend pas, il va même essayer de la sauver : "je vais tout de même perdre le temps qu'il faudra et te sauver, petite peste." (p. 76). Après l'exécution d'Antigone qu'il a été contraint d'entreprendre et qui a entrainée la mort de son fils et de sa femme, il continue son travail quotidien : "Eh bien, si nous avons conseil, petit, nous allons y aller." (p. 122).
Après avoir ordonné la mort, il attend la sienne : "Créon va commencer à attendre la mort" (p. 123). Pour lui, tout est absurde...
Hémon
Fils de Créon, fiancé d'Antigone.
Physique
Jeune prince vigoureux.
Morale et évolution
Il refuse de devenir un homme comme son père : "Regarde-moi, c'est cela devenir un homme, voir le visage de son père en face, un jour." (p. 105), il veut rester enfant. Il pense que son père peut tout faire : "Tu es le maître" (p. 102), "Tu es encore puissant, toi, comme lorsque j'était petit.", "Je suis trop seul et le monde est trop nu si je ne peux plus t'admirer." (p. 104).
Lors de la mort d'Antigone qu'il ne supporte pas, "Hémon [...] se plonge l'épée dans le ventre et il s'étend contre Antigone" (p. 119).
Ismène
Soeur d'Antigone.
Physique
Belle jeune fille charmante et coquette aux yeux d'Antigone, elle aime aller au bal : "Cela me rassure ce matin, que tu sois belle.", "et je t'ai coupé tes cheveux, tes beaux cheveux...", "toutes ces belles mèches lisses et bien ordonnées autour de la tête !" (p. 22), "Ismène est rose et dorée comme un fruit." (p. 41).
Morale et évolution
Elle n'est pas courageuse et a peur de mourir : "Moi, tu sais, je ne suis pas très courageuse" (p. 27), "Et souffrir ? Il faudra souffrir, sentir que la douleur monte, qu'elle est arrivée au point où l'on ne peut plus la supporter; qu'il faudrait qu'elle s'arrête, mais qu'elle continue pourtant et monte encore, comme une voix aiguë... Oh! je ne peux pas, je ne peux pas...". Elle souhaite raisonner sa soeur : "Essaie de comprendre au moins !" (p. 25).
Pourtant à la fin de la pièce Ismène veut accompagner sa soeur dans la mort : "Antigone, pardon ! Antigone, tu vois, je viens, j'ai du courage. J'irai maintenant avec toi !" (p. 97), "Si vous la faites mourir, il faudra me faire mourir avec elle !" (p. 97).
Thèmes principaux
La solitude
Antigone
Dès le début, le Prologue nous annonce qu'Antigone va "se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon" (p. 9). Antigone espérait l'aide de sa soeur pour ensevelir son frère mais Ismène a renoncé : "Nous ne pouvons pas. [...] Il nous ferait mourir." (p. 23), Ismène la traite de folle : "J'ai bien pensé toute la nuit. Tu es folle." (p. 23).
Sa nourrice ne la comprend pas non plus : "Elle est fiancée et à quatre heures du matin elle quitte son lit pour aller courir avec un autre." (p. 18), elle s'efforce de prendre soin de sa santé : "je suis là comme une idiote au lieu de lui donner quelque chose de chaud." (p. 21).
Créon non plus ne peut expliquer son comportement : "Pourquoi fais-tu ce geste, alors ? Pour les autres, pour ceux qui y croient ? Pour les dresser contre moi ? [...] Ni pour les autres, ni pour ton frère ? Pour qui alors ?"
Antigone elle même veut agir seule sans comprendre les autres : "Je ne veux pas comprendre. C'est bon pour vous. Moi je suis là pour autre chose que pour comprendre. Je suis là pour vous dire non et mourir.". Avant son exécution, elle dit : "Je suis toute seule.".
Créon
Encore une fois, c'est le Prologue qui nous le présente : "Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.". Sa femme Eurydice ne lui parlera pas, "elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu'à ce que son tour vienne de se lever et de mourir." (p. 11).
Pour accomplir son devoir, il ne compte que sur lui : "Mais OEdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches et il a pris leur place.", "Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu'il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée." (p. 11).
Lorsqu'Antigone est en train de mourir, Hémon le supplie et il répond : "On est tout seul, Hémon. Le monde est nu." (p. 105). A la fin de la tragédie, le Choeur lui dit qu'il est seul, sa réponse est : "Tout seul, oui." et il continue sa "sale besogne" (p. 121)...
Le bonheur
Dès le début Ismène parle du bonheur à Antigone : "Ton bonheur est là devant toi et tu n'as qu'à le prendre. Tu es fiancée, tu es jeune, tu es belle..." (p. 29), puis c'est au tour d'Hémon : "C'est plein de disputes un bonheur." (p. 38). Lorsque Créon lui parle du bonheur : "Tu va me mépriser encore, mais de découvrir cela, tu verras, c'est la consolation dérisoire de vieillir, la vie, ce n'est pas peut-être tout de même que le bonheur.", Antigone réagit, perdu : "Quel sera-t-il, mon bonheur ? Quelle femme heureuse deviendra-t-elle, la petite Antigone ? Quelles pauvretés faudra-t-il qu'elle fasse elle aussi, jour par jour, pour arracher avec ses dents son petit lambeau de bonheur ?" (p.92).
Elle veut rester jeune : "Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! [...] Moi, je veux tout, tout de suite, - et que ce soit entier - ou alors je refuse ! [...] Je veux être sûre de tout aujourd'hui et que cela soit aussi beau que quand j'étais petite". (p. 95), elle refuse la médiocrité : "Hémon ne doit plus pâlir qand je pâlis, s'il ne doit plus me croire morte quand je suis en retard de cinq minutes, [...], alors je n'aime plus Hémon!" (p. 93).
Analyse d'un extrait
Extrait (p. 110)
ANTIGONE, lui dit soudain.
Ecoute...
LE GARDE
Oui.
ANTIGONE
Je vais mourir tout à l'heure.
Le garde ne répond pas. Un silence. Il fait les cent pas. Au bout d'un moment, il reprend.
LE GARDE
D'un autre côté, on a plus de considération pour le garde que pour le sergent de l'active. Le garde, c'est un soldat, mais c'est presque un fonctionnaire.
ANTIGONE
Tu crois qu'on a mal pour mourir ?
LE GARDE
Je ne peux pas vous dire. Pendant la guerre, ceux qui étaient touchés au ventre, ils avaient mal. Moi, je n'ai jamais été blessé. Et, d'un sens, ça me nui pour l'avancement.
ANTIGONE
Comment vont-ils me faire mourir?
LE GARDE
Je ne sais pas. Je crois que j'ai entendu dire que pour ne pas souiller la ville de votre sang, ils allaient vous murer dans un trou.
ANTIGONE
Vivante?
LE GARDE
Oui, d'abord.
Un silence. Le garde se fait une chique.
ANTIGONE
O tombeau! O lit nuptial ! O ma demeure souterraine !... (Elle est toute petite au milieu de la grande pièce nue. On dirait qu'elle a un peu froid. Elle s'entoure de ses bras. Elle murmure.) Toute seule.
Situation dans l'oeuvre
Cet extrait se trouve juste après l'arrestation d'Antigone, elle se retouve seule avec un garde, elle attend sa mort.
Analyse
Champs lexicaux
La mort, la douleur : "mourir", "mal", "guerre", "touchés", "blessé", "nui", "sang", "murer dans un trou", "tombeau", "lit nuptial", "demeure souterraine".
Le silence et la solitude : "ne répond pas", "silence", "au bout d'un moment", "seule".
Ponctuation
Antigone utilise de courtes phrases entrecoupées par des points de suspension ou d'interrogations. Le seul endroit où elle utilise des points d'exclamation sert peut-être à marquer son désarroi.
Figure(s) de style
Antigone compare la mort avec son mariage avec l'expression "O tombeau! O lit nuptial! O ma demeure souterraine!..."
Temps et modes verbaux
La majorité des verbes sont au
Présent de l'indicatif : "écoute", "c'est", "tu crois", "je ne peux", "je ne sais", "je crois"...
Passé composé : "ça ma nui".
Passé composé au passif : "je n'ai jamais été blessé".
Futur : "je vais", "vont-ils",.
Imparfait : "étaient", "avaient", ils allaient".
Constations
Le garde est indifférent aux paroles d'Antigone, il la laisse seule. Il lui répond d'une manière maladroite : "pour ne pas souiller la ville de votre sang, ils allaient vous murer dans un trou." et parle de son grade : "Le garde, c'est un soldat, mais c'est presque un fonctionnaire" et de son avancement : "ca m'a nui pour mon avancement".
Cette scène marque vraiment la solitude d'Antigone, le garde ne lui répond pas comme elle le voudrait, elle se replie sur elle-même : "Elle s'entoure de ses bras"...
Bibliographie
Livre utilisé pour ce document
Jean ANOUILH, Antigone, La Table Ronde, 1946
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الموضوغ التاني
Antigone est une pièce en un acte de Jean Anouilh représentée pour la première fois dans une mise en scène, des décors et des costumes d'André Barsacq au théâtre de l'Atelier à Paris le 4 février 1944, en pleine Occupation allemande.
Elle fait partie des Nouvelles pièces noires avec Jézabel (1932), Roméo et Jeannette (1946) et Médée (1953).
L’Antigone d’Anouilh est inspirée du mythe antique, en rupture avec la tradition de la tragédie grecque. « L'Antigone de Sophocle, lue et relue, et que je connaissais par cœur depuis toujours, a été un choc soudain pour moi pendant la guerre, le jour des petites affiches rouges[1]. Je l'ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre »[2].
Le personnage d’Antigone est l'allégorie de la Résistance s'opposant aux lois édictées par Créon / Pétain et qu'elle juge iniques. Elle refuse la facilité et préfère se rebeller, ne voulant pas céder à une prétendue fatalité... Créon pour sa part, revendique de faire un « sale boulot » parce que c'est son rôle et qu'il faut bien que quelqu'un le fasse. Anouilh s’inspire du geste de Paul Collette, un résistant français qui avait tiré sur Pierre Laval, chef du gouvernement de Vichy, le 27 août 1941.
Sommaire
* 1 Argument
* 2 Distribution originale
* 3 Analyse de la pièce
o 3.1 Le Chœur
o 3.2 Le débat Créon / Antigone
* 4 Productions récentes
* 5 Notes et références
Argument
Antigone est la fille d'Œdipe et de Jocaste, souverains de Thèbes. Après le suicide de Jocaste et l'exil d'Œdipe, les deux frères d'Antigone, Étéocle et Polynice se sont entretués pour le trône de Thèbes. Créon, frère de Jocaste et – à ce titre – nouveau roi, a décidé de n'offrir de sépulture qu'à Étéocle et non à Polynice, qualifié de voyou et de traître. Il avertit par un édit que quiconque osera enterrer le corps du renégat sera puni de mort. Personne n'ose braver l'interdit et le cadavre de Polynice est abandonné à la chaleur et aux charognards.
Seule Antigone refuse cette situation. Malgré l'interdiction de son oncle, elle se rend plusieurs fois auprès du corps de son frère et tente de le recouvrir avec de la terre. Ismène, sa sœur, informée de sa décision, refuse de la suivre, craignant sa propre mort.
Très vite, Antigone est prise sur le fait par les gardes du roi. Créon est obligé d'appliquer la sentence de mort à Antigone. Après un long débat avec son oncle sur le but de l'existence, celle-ci est condamnée à être enterrée vivante. Mais au moment où le tombeau va être scellé, Créon apprend que son fils, Hémon, fiancé d'Antigone, s'est laissé enfermer auprès de celle qu'il aime. Lorsque l'on rouvre le tombeau, Antigone s'est pendue à sa ceinture et Hémon, crachant au visage de son père, s'ouvre le ventre avec son épée. Désespérée par la disparition du fils qu'elle adorait, Eurydice, la femme de Créon, se tranche la gorge.
Distribution originale
* Antigone : Monelle Valentin
* Créon : Jean Davy
* Hémon : André Le Gall
* Ismène : Suzanne Flon
* Mise en scène, décors et costumes d'André Barsacq
Analyse de la pièce
Le Chœur
Dès le prologue, le Chœur antique qui commente la pièce tout au long, annonce la couleur : on sait très bien qui va mourir, qui survivra, qui jouera un rôle, qui ne servira à rien, et les personnages sont alors répartis en deux grandes catégories : ceux qui « savent » et ceux qui « ne savent pas ».
Créon, Antigone, le Messager font partie de ceux qui savent tout, sans aucun doute. Créon, inconsciemment, sait très bien le risque qu'il prend en décrétant cette interdiction, et il se doute bien qu'elle sera transgressée. Il sait aussi que ses actes ne sont pas justifiés, il le reconnaîtra même plus tard dans la pièce. Il l'a simplement fait pour donner une leçon, un exemple à la population. Antigone, elle, sait très bien ce qu'elle a l'intention de faire, contre le gré de tous, pour ensevelir Polynice malgré l'interdiction, et elle sait qu'elle va mourir, qu'elle doit mourir. « Elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout. » Le Messager lui, sait déjà aussi. « C'est lui qui viendra annoncer la mort d'Hémon tout à l'heure. C'est pour cela qu'il n'a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà... »
La nourrice d'Antigone, les gardes, le page, Eurydice, ne savent rien. Ils sont complètement ignorants et se contentent de jouer bêtement leur rôle. La Nourrice est seulement là pour apaiser, les gardes pour accomplir le destin d'Antigone, le page pour accompagner Créon, et Eurydice quant à elle, n'a pas d'autre rôle que de mourir.
Hémon et Ismène quant à eux, sont assez ambigus, car aucun d'eux ne sait vraiment tout ce qui se trame, Ismène ne se doute pas que sa sœur ira au bout, Hémon ne se doute pas que sa fiancée va se rebeller jusqu'à la mort, mais ils savent et comprennent la situation, et au fur et à mesure que l'histoire avance, ils comprennent, et savent alors qu'Antigone va vraiment mourir.
Le Chœur commentera alors ironiquement toute la pièce : « C'est cela qui est commode dans la tragédie. On donne un petit coup de pouce pour que cela démarre... C'est tout. Après on n'a plus qu'à laisser faire. On est tranquille. Cela roule tout seul ».
Le débat Créon / Antigone
Créon se retrouve seul face à Antigone, venant de commettre son crime, ayant tenté à deux reprises d'ensevelir son frère Polynice. S'étant fait arrêter pour avoir été prise sur le fait, il tente de la sauver. Il lui propose de faire accuser un garde, un complot, de faire mourir quelqu'un d'autre à sa place, et il essaie de la « ramener à la raison ». Mais elle reste sourde et impassible à ses arguments, elle « ne veut pas comprendre ». Il s'emporte alors, et fait ressortir ses propres défauts et ses faiblesses. Selon lui, il ne fait qu'accomplir son devoir, il n'a rien demandé... « Thèbes a droit maintenant à un prince sans histoire. Moi, je m'appelle seulement Créon, Dieu merci. J'ai mes deux pieds sur terre, mes deux mains enfoncées dans mes poches, et, puisque je suis roi, j'ai résolu, avec moins d'ambition que ton père, de m'employer tout simplement à rendre l'ordre de ce monde un peu moins absurde, si c'est possible. »
Il lui reproche également de choisir la facilité, de dire non... On pourrait penser, nous, lecteurs, que ce n'est pas facile de dire non, mais Créon, lui, pense le contraire. Il pense que ça n'est pas facile de dire oui... De savoir que parfois ces lois sont injustes, ou stupides, mais de devoir dire oui... Ou d'avoir un rôle et un impact trop important pour se permettre de dire non à la légère, de se rebeller, par principe... Mais une fois de plus, Antigone repousse son argument. « Qu'est-ce que vous voulez que cela me fasse, à moi, votre politique, votre nécessité, vos pauvres histoires ? Moi, je peux encore dire "non" encore à tout ce que je n'aime pas et je suis seule juge. »" dit-elle, ou encore « Pauvre Créon ! Avec mes ongles cassés et pleins de terre et les bleus que tes gardes m'ont faits aux bras, avec ma peur qui me tord le ventre, moi je suis reine. » Créon la traite alors d'« orgueilleuse. Petite Œdipe »... Il aborde alors le sujet de sa famille. Il reproche à Œdipe tout son orgueil, qui a déteint sur Antigone... Et il dévoile la véritable personnalité d'Éteocle et de Polynice, deux voyous, ne valant pas mieux l'un que l'autre, n'aimant d'ailleurs même pas leurs sœurs, ni leur père, n'étant ni l'un un héros, ni l'autre un traître, mais tous deux des crapules, avides et cupides, s'étant bêtement entretués pour le pouvoir. Il avoue alors n'avoir aucune conviction que l'un est un héros ou l'autre un traître, c'est seulement pour le peuple... pour donner un bon et un mauvais exemple, le peuple a besoin d'un héros et d'un traître... Il avoue aussi qu'il ne sait même pas si le corps qui croupit là-dehors est bien celui de Polynice. Il reconnaît l'avoir pris tout à fait au hasard.
Devant l'absurdité de la religion, des rites, de tout cela, devant la stupidité de tant de conviction pour des choses que Créon lui prouve sans importance, Antigone est prête à céder... Mais Créon lui parle alors du bonheur qu'elle est si prête d'atteindre si elle refuse de mourir pour son frère. Un bonheur avec quelques concessions, mais un bonheur tout de même... Mais Antigone se rétracte aussitôt, par fierté et par principe. Elle témoigne alors de son rejet de cette société qu'elle n'a jamais accepté... « Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte... Moi, je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier, ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et de me contenter d'un petit morceau, si j'ai été bien sage. » Créon est à court d'arguments et devant l'emportement grandissant de sa nièce qui menace d'ébruiter l'affaire, il cède... Antigone veut mourir, eh bien, elle mourra...
Malgré les supplications de son fils qui lui demande de gracier sa fiancée, la sentence est appliquée. Antigone se pend dans la grotte où Créon l'a fait emmurer vivante. Hémon perd alors l'admiration qu'il avait pour son père qu'il considérait comme un homme puissant et juste. Non préparé psychologiquement à tant de désillusions et rendu fou de chagrin par la disparition d'Antigone, il la rejoint dans la mort en se poignardant avec son épée. Eurydice, apprenant le décès de son fils, se suicide à son tour. Sa famille décimée, Créon, abandonné de tous, continue de gouverner les hommes en attendant sa propre mort comme une délivrance.
Productions récentes
* 2003 : Mise en scène de Nicolas Briançon au Théâtre Marigny avec Barbara Schulz (Antigone) et Robert Hossein (Créon). Il existe une captation du spectacle réalisée par Moustapha Sarr en mai 2003 (ISBN 2-240-01959-X)
Notes et références
1. ↑ Il semble qu'Anouilh - s'il fait bien référence à l'Affiche rouge - commette une erreur de chronologie : en effet, celle-ci n'a été placardée, selon les historiens, qu'après le 10 février 1944. De plus, certaines sources indiquent que l'essentiel de la pièce avait été écrit dès 1942, suite à l'« affaire Collette ».
2. ↑ 4e de couverture de la première édition, La Table Ronde, 1946.